Union européenne - Déclaration de Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, à son arrivée à la 3ème réunion ministérielle Union européenne - Union africaine (Bruxelles, 21 mai 2025)

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Nous sommes ce matin à Bruxelles pour une réunion très importante entre les pays de l’Union européenne et les pays de l’Union africaine qui va préparer une rencontre au niveau des chefs d’État et de gouvernement entre les pays africains et les pays européens. Un Sommet qui fera suite à celui qui s’était tenu en 2022 pendant la présidence française de l’Union européenne donc nous sommes très heureux de pouvoir préparer aujourd’hui la seconde édition.

Pourquoi ? Parce que l’Europe et l’Afrique ont en commun une géographie et un désir de construire un avenir ensemble. Dans une période où certains tentent de creuser un fossé entre l’Afrique et l’Europe comme ils essayent de creuser un fossé entre un supposé Occident collectif et un supposé Sud global, nous voulons rappeler aujourd’hui c’est tout à fait le contraire. Si oui, nous assistons à une fragmentation du monde, non, elle ne se définit pas le long de lignes géographiques. Elle se définit entre les partisans du droit, du multilatéralisme dont nous faisons partie avec l’Union africaine et les pays africains d’une part, et, de l’autre, les partisans de la force brutale qui veulent remettre en cause les institutions du multilatéralisme auxquelles nous sommes pourtant très attachés et que nous voulons continuer de cultiver.

Je présiderai pour ma part la table ronde sur le multilatéralisme, ce qui sera l’occasion de témoigner de l’engagement de la France mais aussi de l’engagement de l’Europe plus généralement au service du multilatéralisme. S’agissant de l’ONU, nous plaidons pour une réforme du Conseil de sécurité qui fasse toute sa place aux pays africains avec deux sièges de membres permanents et toutes les prérogatives qui y sont attachées. S’agissant de l’architecture financière internationale, nous plaidons pour une plus grande justice, un plus grand équilibre qui permette aux pays et en particulier aux pays les moins avancés de n’avoir jamais à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la lutte contre le changement climatique. C’est l’esprit du pacte pour la prospérité, les peuples et la planète qui a été porté par le président de la République.

Et plus généralement, nous pensons que s’agissant du climat, nous accueillerons dans quelques semaines à Nice la troisième conférence des Nations Unies sur l’océan, qu’il s’agisse de la santé, qu’il s’agisse de la nutrition, de la lutte contre la faim, qu’il s’agisse de l’éducation, tous ces enjeux qui sont des enjeux à l’échelle planétaire ne peuvent être résolus que par des approches coopératives et non pas par la confrontation. C’est ce message là que nous allons passer ensemble avec nos partenaires africains aujourd’hui à Bruxelles.

Q - La France est un peu critiquée en Afrique, notamment sur des questions d’ingérence. Est-ce que dans cette nouvelle approche de coopération vous pensez rectifier le tir ?

R - Vous savez, depuis 2017, la France a pris un virage dans sa relation avec les pays africains dont le coup d’envoi a été donné par le discours de Ouagadougou du président de la République. Cette approche est désormais partenariale, elle s’est totalement transformée pour embrasser avec chacun des pays africains dans toute leur diversité, l’intégralité du spectre de la relation qui va de la dimension économique à la dimension culturelle en passant par la dimension scientifique et la dimension universitaire et éducative. C’est ce que nous avons établi avec un certain nombre de pays africains et qui leur donne toute satisfaction. Ensuite, vous me parlez d’ingérence en Afrique, désolé de devoir pointer du doigt la Russie de Vladimir POUTINE qui pilonne les pays africains d’une désinformation qui souvent est orientée contre la France et qui propage des fausses nouvelles qui sont tout à fait contraires à ce qu’est l’action de la France aujourd’hui dans ces pays.

Q - What does it mean for young people, in Africa and Europe ?

R - I think that we have a common geography and a common desire to build a future together. And of course, it’s important that the Minister of Foreign Affairs can have a discussion, like the one we’re going to have today, but most importantly, it’s very important that the youth from Europe, from Africa, see their future as being a common future. This is the reason why we have been promoting events like Creation Africa, that was held last year in Paris and that will be hold later this year in Lagos, in Nigeria, which is going to bring together all the creative talents from France, Europe on the one hand, and Africa on the other hand, because there is a lot we can achieve together in the challenging times that we’re living through.

Q - Monsieur le ministre sur les relations entre l’Algérie et la France ? Le ministre hier a déclaré des choses, je n’ai pas compris, pour les visas, pour les diplomates qui ne peuvent pas entrer en France, il est obligé d’avoir un visa maintenant ?

R - Les autorités algériennes ont pris des décisions particulièrement brutales concernant les titulaires de passeports diplomatiques envoyés par la France en Algérie pour y exercer des missions auprès de notre ambassade. Ce sont des décisions très regrettables qui remettent en cause les accords qui régissent la relation entre la France et l’Afrique, en particulier l’accord de 2013. Ce sont des décisions brutales qui succèdent à des décisions précédentes qui elles-mêmes avaient été particulièrement brutales et injustifiées, injustifiables. L’expulsion de 12 agents français en poste en Algérie, c’est aux autorités algériennes qu’il faut poser la question puisque ce sont elles qui ont décidé d’interrompre brutalement un dialogue qui s’était pourtant réouvert entre nos deux pays.